dimanche 24 juillet 2011

LES PARATIISI DE PEKKA HALONEN

Pekka Halonen "La Berge" 1897
Photo : Office de Presse de l'Ateneum Taidemuseo
* paratiisi : paradis

Pekka Halonen est peut-être le premier peintre qui sut le mieux évoquer le paysage de neige, non seulement sa beauté et sa sérénité, mais également son histoire et son évolution (des origines du Kalevala aux préoccupations écologiques), jusqu'à ce que ce "paradis blanc" devienne l'un des thèmes majeurs de l'art finlandais en même temps que l'emblème d'une identité nationale. Son itinéraire symboliste le conduira à définir l'image "mythique" de la fennitude : une nature authentique et sauvage dont la force et la puissance sont les meilleurs garants de liberté et de vitalité.


Pekka Halonen "Kevattulva" 1896

Pekka Halonen "Tomates" 1913
Pekka Halonen

L'artiste Finlandais Pekka Halonen naquit dans une famille rurale au nord de la province du Savo, à Lapinlahti le 23 Septembre 1865. Vers la fin du XIXe siècle en Finlande, il était inhabituel que le fils d'un agriculteur devint artiste, mais grâce à ses dons naturels, Pekka Halonen développa cet intérêt précoce pour les Arts et la culture, à travers l'influence de ses parents. Son père, Olli Halonen était également doté de talents artistiques. Tout en dirigeant sa ferme, il travaillait comme peintre décorateur et réalisait des commandes de la part des églises. Adolescent, Halonen accompagna souvent son père lors de ces "voyages en peinture" qui peuvent être considérés aujourd'hui comme son initiation à l'Art. Sa mère, Wilhelmiina (Miina), profondément pieuse et douée pour la musique, était une compositrice accomplie et jouait du Kantele, elle transmit sa passion pour la musique classique et la litterature à ses enfants. De sa mère, Pekka Halonen hérita son amour pour la Nature.

Pekka Halonen "Talvipäivä" (Jour d'Hiver) 1895

Pekka Halonen
"Eramaa"(Terre désertique) 1899

De 1886 à 1890, Pekka Halonen étudia à l'Ecole dessin de la Société des Arts Finlandais à Helsinki. Il en sorti diplômé au printemps de 1890 et reçu une bourse afin de poursuivre ses études à l'étranger. A l'instar de beaucoup d'autres artistes finlandais de sa génération, il fit ses bagages et partit en 1891 pour Paris où il entra dans des écoles d'Art privées : l'Académie Julian (ateliers de Jules Lefebvre et de Jean Benjamin Constant) et l'Académie Colarossi en 1893.

"Niittomiehet" (Les Faucheurs) 1891
collection particulière
tableau où l'on retrouve nettement
l'influence de Bastien Lepage


Pendant cette période, il peignit deux célèbres tableaux d'esprit naturaliste et pleinairiste, inspirés de l'Art de Jean-François Millet, de Camille Corot et de Jules Bastien-Lepage : "Les Faucheurs"(1891) et "Le Joueur de Kantele"(1892), de veine plus réaliste. A l'Académie Vitti, avec son compatriote Väinö Blomstedt, il bénéficia pendant 2 mois de l'enseignement de Paul Gauguin, de retour de Tahiti, dont il transposa plus tard le style des visions tropicales sous les lattitudes nordiques, selon  les conseils du maitre, afin de mieux implanter ses racines finlandaises dans la peinture.



Pekka Halonen "Le Joueur de Kantele" 1892


Aux années parisiennes, succèda, en 1896-97, un voyage en Italie, notamment à Florence. L'Art de la Renaissance, et en particulier les oeuvres de Masaccio et de Giotto di Bondone, furent déterminants pour l'élaboration d'un style pictural monumental inspiré de la fresque.

Pekka Halonen "Jeune Fille Italienne" 1894
Pekka Halonen "Iltatunnelma"
 (Humeur du soir) 1896
Pekka Halonen "Neiet Niemien Nenissä" 1895

Halonen dépeint ses compatriotes avec honnêteté et sensibilité, il possédait le remarquable don de comprendre l'authenticité de l'identité finlandaise et de la transmettre dans ses oeuvres.
Pekka Halonen "Tyttö Rannalla" la fille devant la plage
 (portrait de Aino Mäkinen) 1901
Pekka Halonen "Tuonen Lehto" 1902
Pekka Halonen "Ateria" (Repas) 1899

Pekka Halonen "Kahvinkeittäjä" 
portrait de Maija Halonen épouse de l'artiste - 1916

En 1895, Pekka Halonen épousa Maija Mäkinen, jeune étudiante en musique. Ils vécurent dans plusieurs endroits avant de s'installer dans la paisible ville de Tuusula en 1898. Là, Pekka Halonen pratiquait le ski et la peinture aux alentours du lac, près de Järvenpää. Il tomba amoureux de ce lieu parfait pour installer sa propre "petite cabane", elle devint plus tard l'imposante villa de bois connue sous le nom "Halosenniemi". Achevée en 1902, Halosenniemi avait été dessinée et conçue par Pekka Halonen lui-même et par son frère, Antti Halonen.


Pekka Halonen "Halosenniemi" maison de l'artiste

Lorsqu'il eu enfin son propre studio, Halonen se consacra à la peinture dans la paix et le calme de la campagne. Au fil des ans, la famille de Maija et de Pekka Halonen augmenta jusqu'à 8 enfants, 4 filles et 4 garçons. Ils vivaient modestement mais heureux à Tuusula. Maija Halonen effectuait un dur travail, outre s'occuper de ses enfants, du potager, elle créait et cousait des vêtements, mais etait également traductrice en langue finnoise de littérature italiene, norvégiene, suédoise et allemande.

Pekka Halonen "Viulunsoittaja" (le violonneux)
 (Heikki Halonen, fils de l'artiste, au violon) 1900
Pour Pekka Halonen, le paysage autour de Halosenniemi devint une source inépuisable d'inspiration. Beaucoup de ses peintures représentent des scènes ordinaires de son environnement et de son quotidien, tels que "Sauna dans la Neige" (1908), qui retrace de façon saisissante le calme et le parfum subtil de la neige fraîchement tombée. À Tuusula, Halonen possedait un large cercle d'amis artistes et ses proches lui fournissaient une source quotidienne de stimulation sociale et culturelle.


Pekka Halonen" Kevättalvi" 1909

Dans une interview publiée dans "Nya Pressen" en 1932, Pekka Halonen disait : "L'Art ne doit pas user les nerfs comme du papier de verre, il doit produire un sentiment de paix. Depuis ma jeunesse, j'ai été incapable de penser qu'il en soit autrement. Je n'ai jamais peint pour qui que se soit, mais pour moi-même. La recherche de la paix et de l'harmonie à travers mon Art sont devenues, pour ainsi dire, partie intégrantes de ma religion. La nature est mon inspiration. Depuis plus de 30 ans, j'ai vécu au même endroit, entouré de forêts. Je me sens comme si j'avais le Louvre et le monde entier sous mes yeux, comme si les plus précieux trésors artistiques etaient ici, devant ma porte. J'ai besoin de conduire mes pas dans la forêt pour voir les plus merveilleux chefs-d'œuvres jamais créés, et je ne demande rien d'autre. Mes toiles ne sont pas «naturalistes», même si je fais de mon mieux pour représenter le plus fidèlement la nature. La nature est le squelette, la chair de la peinture est son atmosphère, l'ambiance est tout. Qu'elle provienne de moi ou de l'extérieur, je ne peux pas le dire. Je ne perds pas de temps à réfléchir sur les problèmes, je viens juste de sortir, et un beau jour je pourrais trouver ce que je cherchais, et puis je sais tout simplement ce que mon pinceau doit saisir sur la toile. "


Pekka Halonen "Koivikko" 1908

Pekka Halonen "Talvimaisema"(paysage de neige)

Pekka Halonen décéda le 1er Décembre 1933 à Halosenniemi, une nuit où la tempête renversa le petit sapin qu'il avait immortalisé sur son dernier paysage. Dans le cimetière près de l'église de Tuusula, sa pierre tombale fut sculptée par son cousin, l'artiste Emil Halonen. Maija Halonen mourut en 1944. En 1949, Halosenniemi fut vendue à la municipalité de Tuusula, sous la condition d'en créer un musée.

Pekka Halonen "Lumisia Männyntaimia"
(Jeunes pins enneigés) 1899
La richesse des nuances de blancs sont remarquables dans la peinture d'Halonen

Pekka Halonen "Kesamaisema" 1915
HALOSENNIEMI MUSEE
Rantatie, Tuusula



Source images: site musée de Tuusula et musée d'Helsinki
http://www.tuusula.fi/museot/halosenniemi/index.tmpl?numero=33554432


Pekka Halonen "Lukeva Tyttö"
(Jeune fille lisant) 1918

Pekka Halonen "Maalaus Suvanto Kotakoskessa vuodelta" 1929.

Pekka Halonen "Kevättalvea Myllykylässä" 1898

lundi 18 juillet 2011

ET LA PIVOINE INSPIRA LES ARTISTES...

Charles Courtney Curran "Pivoines"
Impressionnisme
Cette fleur si joliment originale sait si bien captiver le regard par la magnificence de ses corolles qu'elle ne pouvait que retenir l'attention toute particulière d'un oeil d'artiste...

Originaire de la Val­lée du Yangzi et du nord de la Chine, la Pivoine s'appelle "mudanhua" : "reine des fleurs" elle est la fleur de l'empire et de l'aristocratie. Son surnom est "fuguihia" : "fleur de la richesse et de l'hon­neur"  -  fu (riches­se) et gui (honneur). la pivoine se retrouve  donc dans les gravures ou les représentations dont le message fait part d'une promotion socia­le ou d'une élévation de statut.


Depuis le début de notre Ere, la pivoine (Paeoniaceae) fut utilisée pour ses vertus médicinales. Homère raconte que Paeon, dieu médecin de l'Olympe, guérit Arès et Hadès de leurs blessures de guerre grâce à une plante inconnue venue d'Asie. Les anciens Grecs dénommèrent la pivoine Paiônia. En Europe, dès le IIIe siècle  on utilisait ses racines séchées pour soigner les convulsions. Au Moyen Âge, la Paeonia Officinalis était cultivée dans les jardins de "simples" des châteaux et des abbayes. Elle est d'ailleurs toujours produite pour la pharmacopée. L'usage décoratif de la Pivoine vint en Chine à partir du VIIIe siècle, où elle devint "reine des fleurs", puis au Japon. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que l'engouement pour cette superbe Paeonia  gagna l'Europe.

Frederik Childe Hassam "Pivoines" Impressionnisme
Charles Courtney Curran "Pivoines" 1915
Impressionnisme
Pierre Joseph Redouté "Branches de Pivoines" XVIIIe
Crédit photographique RMN
Henri Fantin Latour "Pivoines" 1903
Réalisme
Henri Fantin-Latour "Vase de Pivoines" 1881
Réalisme
Abbott Fuller Graves "Pivoines"
Impressionnisme Américain
William Merrit Chase "Pivoines" - Impressionnisme
Edouard Manet - Impressionisme
"Vase de Pivoines sur Piedouche" 1864
Document RMN
Charles Edward Peruginni "Pivoines"
Neo-Classicisme
Yun Shouping (dit Nantian) "Pivoines" Chine Dysnastie Qing vers 1650
Katsushika Hokusai "Pivoines" Japon Ukiyo-e 

mardi 5 juillet 2011

LES GLASGOW BOYS

James Guthrie "Aux nouveaux paturâges" 1883
Le cadre du tableau est Crowland, dans les marais plats du Lincolnshire.
 La composition inhabituelle, coupée, fut probablement inspirée
par les estampes japonaises alors en vogue.

Les Glasgow Boys (groupe de la Glasgow School et litteralement "Garçons de Glasgow) furent de véritables pionniers artistiques. Tout en poursuivant le sujet naturaliste, ils introduisirent l'Impressionnisme dans l'Art écossais et le portèrent ainsi au premier rang de l'Art européen d'avant-garde de 1880 jusqu'à la période d'or de 1900.  Le groupe de ces jeunes artistes aux talents individuels exquis obtinrent une reconnaissance internationale et respectée dans le monde de l'Art dès la fin du XIXe siècle. Ils tombèrent hélas dans l'oubli après 1918 mais furent redécouvert vers 1960 grâce à une exposition à Glasgow.
William Kennedy (1859-1918) "Printemps" 1882
L'inspiration leur vint des peintres Naturalistes français, tel Jules Bastien-Lepage mais également de James Abott Whistler. Les Glasgow Boys révolutionnèrent la peinture de Grande-Bretagne, reçurent des éloges à Londres, Munich et Vienne. Leur symbolisme  fut admiré et imité dans le cercle des Sécessionnistes en Allemagne et en Autriche (Jugendstil).
James Nairn "Auchenhew, Arran" 1886
William York Mac Gregor, James Guthrie, John Lavery, Alexander Ignatius Roche. Thomas Millie Dow, Edward Stott (dit Stott of Oldham) Arthur Melville, Joseph Crawhall, Edward A.Walton, James Nairn, George Henry, Edward Atkinson Hornel... Ces artistes cherchèrent à libérer leur Art des peintures narratives tourmentées produites à Glasgow et Edimbourg, proches de l'Académisme, afin d'explorer le sujet réaliste et les effets particuliers de la lumière capturée par le travail de plein air, "sur le motif", à l'instar des Impressionnistes.
 D'ailleurs, John Lavery, William Kennedy, Alexander Roche et Thomas Millie Dow, s'installèrent quelques temps au village français de Grez sur Loing près de Barbizon (à l'instar de Carl Larsson et ses amis de la Communauté Suedoise).

James Guthrie Margaret Helen Sowerby1882
via http://www.nationalgalleries.org/
Unis pour un dédain pour l'Académisme guindé et tourmenté de la fin du 19e siècle, et par un enthousiasme pour une peinture plus moderne, Les Glasgow Boys se passionnèrent pour l'Art de Whistler et pour les Impressionnistes, mais leur grand héros était un maître du Naturalisme français : Jules Bastien-Lepage.

James Guthrie 1859-1930
Gardiennes d'Oies

Comme Bastien-Lepage, les Glasgow Boys choisirent de peindre la vie de la terre, mais élevèrent le sens rigoureux de la réalité de l'existence paysanne avec idéalisme et infusérent leurs sujets dans le sens des  traditions écossaises.

James Guthrie "A Hind's Dauther" 1883
via http://www.nationalgalleries.org/
Les pionniers du mouvement furent William York Mac Gregor et James Patterson, qui, formés par les artistes français Alphonse Legros et Jacquesson de la Chevreuse, se passionnèrent pour la côte Est de l'Ecosse, surtout de 1878  à 1881. Le deuxième groupe etait composé de Guthrie, Crawhall, Walton et Henry furent les voyageurs (Allemangne, Japon) et peintres de la campagne. Le troisième groupe, Lavery, Kennedy, Roche et Millie Dow intégra la Communauté Ecossaise de Grez sur Loing.
William Mac Gregor "The Vegetable Stall" 1884
via aliexpress
John Lavery "Bateau Sur la Tamise"
 John Lavery "Hazel in Rose and Gold' 1918
via http://www.liverpoolmuseums.org.uk/
John Lavery Convoi en mer du Nord 1918
Thomas Millie Dow "fin de l'Automne à Barbizon" 1879
Edward Atkinson Hornel "Danse de la Geisha"
George Henry  "Japonaise à l'éventail" - 1894